Lettre à Premier Ministre Trudeau : Investissement accru dans les soins de santé publics
Monsieur le Premier Ministre,
Je vous adresse la présente afin de demander à votre gouvernement de répondre au besoin grave et urgent d’investissements supplémentaires dans les soins de santé publics. La Fédération des travailleurs et travailleuses du Nouveau Brunswick (FTTNB) représente plus de 38 000 travailleurs et travailleuses de tous les secteurs de l’économie, y compris des milliers de travailleurs des soins, partout au Nouveau Brunswick.
Nous exhortons votre gouvernement à agir immédiatement en vue d’accroître les ressources disponibles afin d’améliorer la capacité des systèmes de santé financés et fournis par le secteur public.
Certains premiers ministres provinciaux ont laissé tomber les travailleurs et ont laissé les familles se débrouiller seules face aux dures réalités d’un système sous-financé. D’ailleurs, ils ont déroulé le tapis rouge pour les entreprises privées, tout en omettant de financer adéquatement les services et les établissements de soins de santé de base. Certains ont même lancé des attaques personnelles vilipendant les travailleurs de la santé – au paroxysme de la pire pandémie que l’on ait connue de mémoire humaine. Le financement fédéral doit être augmenté et ces transferts doivent inclure des dispositions visant de meilleurs soins aux patients et de meilleures conditions de travail. Ces fonds doivent également être affectés de manière à assurer qu’ils seront dirigés vers les établissements de soins de santé publics, ne laissant aucune marge de manœuvre aux provinces et aux territoires pour transférer davantage de services de santé à des entreprises à but lucratif.
Les efforts des lobbyistes et des politiciens de droite visant à confier les éléments les plus lucratifs des soins de santé à des intérêts privés et à laisser les cas les plus compliqués au système public sont présentés comme un débat national sur les soins de santé. Soyons clairs : il n’y a pas de débat. Il y a l’intérêt public et il y a l’intérêt privé à but lucratif. Les Canadiens n’ont pas besoin d’être convaincus des répercussions d’un système de soins de santé à l’américaine envisagé ici au Canada. En fait, ils croient que nos soins de santé devraient être financés et dispensés publiquement, comme l’a toujours voulu la Loi canadienne sur la santé.
Siphonner des fonds dans des cliniques privées qui dupliquent les services et réduisent la surveillance n’est pas dans le meilleur intérêt des Canadiens. Ces services privés détournent également des ressources humaines précieuses de notre système public qui manque déjà de personnel. Nous avons déjà vu les répercussions de la sous-traitance de nombreux services de santé à des entreprises privées, comme les soins de longue durée et les soins à domicile. Non seulement les profits sont-ils prélevés sur les salaires des travailleurs, mais la qualité des soins est souvent inférieure, les conditions de travail sont souvent mauvaises et la surveillance publique est moindre. Par exemple, les éclosions de COVID-19 dans les foyers de soins privés étaient à la fois plus longues et plus mortelles que dans les établissements publics. Les entreprises multinationales investissent souvent ces profits à l’extérieur du Canada, ce qui fait sortir l’argent des contribuables de nos économies locales.
Le fait que le système public fonctionne aussi bien qu’il le fait, malgré son sous-financement, démontre que de meilleurs investissements et une meilleure coordination dans la prestation des soins de santé publics sont le meilleur moyen d’obtenir les résultats que les Canadiens attendent et méritent.
En sus d’un plus grand nombre d’hôpitaux et d’une plus grande capacité de soins urgents, de nombreuses communautés à travers le Canada ont besoin de soins de longue durée ciblés et d’un soutien en matière de santé mentale. Chaque province a ses propres besoins particuliers et nécessite d’une certaine souplesse pour affecter l’argent là où il est le plus nécessaire. Toutefois, il doit y avoir une mise en garde claire et solide : ces fonds sont réservés uniquement à la prestation publique de soins.
Les Canadiens ont également clairement indiqué qu’ils s’impatientaient devant l’engagement non respecté du gouvernement fédéral à l’égard d’un programme national d’assurance-médicaments. Il est temps de faire passer la santé publique avant la politique. Il est temps de mettre en place un système national complet qui garantira aux familles tous les soins dont elles ont besoin quand elles en ont besoin, qui garantira aux travailleurs de la santé les ressources et la capacité dont ils ont besoin pour faire leur travail en toute sécurité, et qui garantira la mise en place des soins préventifs nécessaires pour réaliser les économies dont nos systèmes de soins de santé ont besoin pour être durables.
Un plan national de la main-d’œuvre de la santé est essentiel à la viabilité à long terme de notre système de soins de santé. Dans tout le pays, la COVID-19 a exacerbé les pénuries de personnel sous-jacentes, mettant dans certains cas en péril la capacité de notre système à fournir des soins de qualité en temps opportun. Un modèle de financement amélioré contribuerait grandement à indemniser adéquatement les travailleurs de la santé, à réduire les heures supplémentaires forcées et à créer de meilleures conditions de travail générales, ce qui, en retour, améliorerait la rétention, réduirait l’épuisement professionnel et faciliterait le recrutement.
Les niveaux actuels de financement fédéral des soins de santé sont insuffisants pour répondre aux besoins croissants en matière de soins aujourd’hui et dans un avenir post-pandémique. Le budget fédéral devant être déposé au cours des prochaines semaines, les Canadiens ont besoin de toute urgence que le gouvernement fédéral augmente son financement dès maintenant en vue de combler les lacunes actuelles des soins de santé publics, sans ouvrir davantage de possibilités aux soins de santé privés à but lucratif de s’implanter au Canada.
Nous ne pouvons pas laisser la situation se dégrader. Si la pandémie de la COVID-19 nous a appris quelque chose, c’est qu’un plan national de la main-d’œuvre de la santé est nécessaire pour assurer la viabilité à long terme du système de soins de santé. Le gouvernement fédéral doit faire sa part pour s’assurer que des ressources adéquates sont disponibles et dirigées vers l’augmentation de la capacité de service et de l’infrastructure dans le cadre d’un système de soins de santé publics robuste.
Nous avons l’intention de continuer à informer nos membres et à faire participer le public à nos revendications. Nous savons que la plupart des Canadiens sont en faveur d’un investissement accru dans les soins de santé publics et l’assurance-médicaments.
La Fédération des travailleurs et travailleuses du Nouveau Brunswick et les travailleurs que nous représentons attendent votre réponse avec impatience et nous restons à votre disposition pour toute autre discussion que vous pourriez envisager.
Respectueusement,
Daniel Legere
Président, Fédération des travailleurs et travailleuses du Nouveau Brunswick